(Yōko Ono) Yoko Ono, née le 18 février 1933 à Tokyo dans une famille aisée de banquiers, est une artiste expérimentale, plasticienne, musicienne, chanteuse, compositrice, écrivain, comédienne et cinéaste Japonaise, connue notamment pour le couple qu'elle forma avec John Lennon. Artiste à part entière, Yoko Ono reste dans l'imaginaire collectif la muse du chanteur vedette des Beatles.
Son nom en Kanji est 小野 洋子, Ono Yoko, mais les médias japonais écrivent désormais son nom en Katakana, ヨーコ・オノ, écriture utilisée pour les noms étrangers.
Enfance
Yoko Ono naît en
1933. Sa mère Isoko Ono était issue de la famille des banquiers
Yasuda et son père Eisuke Ono travaillait dans une banque de
Yokohama. Deux semaines avant sa naissance, son père fut nommé à un poste à
San Francisco. Le reste de la famille suivra quelque temps plus tard. En
1937, son père retourna au Japon et Yoko fut inscrite à la Peers' School, à Tōkyō, école réservée exclusivement aux enfants descendants de familles aristocrates. Elle suit ainsi une éducation multiculturelle très riche. Dès son plus jeune âge elle doit fuir les
bombardements incessants de la capitale japonaise. Elle se réfugie avec ses parents à la campagne où le luxe laisse place à la misère la plus totale, ce qui forge très vite son caractère. Après la guerre, la famille émigre à
New York.
Entrée dans le monde de l'art
Dès l'âge de quatorze ans, Yoko se destine à l'art avec notamment l'écriture, montrant déjà une attirance très nette vers l'
avant-gardisme, ce qui ne fait pas l'unanimité de ses professeurs. Elle fréquente le milieu
théâtral, entamant aussi des études de
Philosophie. Elle suit de même des cours de lettres et de chant et découvre des compositeurs d'avant-garde comme
Arnold Schönberg. Elle est alors très influencée par la
Beat generation (mouvement littéraire et culturel des
Années 1950) et adopte le style qu'on lui connaît, habillée de noir et cheveux lachés.
En 1956, elle se marie avec le compositeur japonais Toshi Ichiyanagi. Ils divorcent en 1962 après sept ans de vie commune. Le 28 novembre de cette même année, elle se remaria avec l'américain Anthony Cox. Cox était un musicien de Jazz, réalisateur de films et promoteur d'art. Il avait entendu parler de Yoko à New York et l'avait rencontré dans un hôpital psychiatrique où sa famille l'avait placée après une tentative de suicide. Le 8 août 1963, Yoko donna naissance à une fille, Kyoko Chan Cox. Le mariage tomba rapidement (des témoins ont vu Tony et Yoko se menaçant avec des couteaux de cuisine) mais les Cox restèrent malgré tout ensemble pour leur carrière commune. Bientôt, ils revinrent à New York avec Kyoko.
En 1958, Yoko suit des cours sur la musique expérimentale, prodigués par John Cage, grand nom de l'avant-gardisme qui l'influence énormément, notamment avec l'art pictural qu'il enseigne : le Minimalisme. Elle s'engouffre dans cette voie, qui lui convient pleinement, et tente de produire ses premières oeuvres et spectacles artistiques. Fin 1964, avec le retour en force du Pop art, elle reprend confiance en elle, créant le bagism, spectacle consistant à s'enfermer dans un sac avec un partenaire, qui rencontre un certain succès.
Yoko acquiert peu à peu une notoriété dans le monde de l'art en adhérant au groupe d'artistes Fluxus et publiant un recueil de poèmes, Grapefruit. Ayant eu vent du fort mouvement culturel à Londres, marqué par le fameux Swinging London, le couple Cox-Ono décide de s'y installer en 1966. Après quelques démarches, elle fait la connaissance de John Dumbar, directeur de la galerie Indica où elle parvient à y faire une exposition, dont le vernissage est prévu pour la mi-novembre.
OEuvre
Yoko faisait partie de
Fluxus, un mouvement d'artistes d'avant-garde, qui se développa au début des
Années 1960. Le fondateur de Fluxus
George Maciunas ami et source d'intérêt de Yōko pendant les
Années 1960, admire son travail et, avec enthousiasme, s'occupe de promouvoir les travaux artistiques de Yoko. Maciunas, avec
La Monte Young et
John Cage, était l'une des influences les plus importantes sur les peformances de Yoko. Sa philosophie, pleine d'humour, subversive et avant-gardiste, a commercialisé une attitude pour soustraire l'art typique des
Années 1950. Les objets interactifs de l'art de Yoko doivent également quelque chose aux objets ou aux idées Fluxus de Maciunas. Certaines critiques ont décrit l'art de Yoko comme une synthèse entre les idéaux musicaux de
John Cage, le silence d'incorporation et les bruits normaux, et l'esprit plus macabre de Maciunas qui a trouvé un chemin dans la promptitude de Yoko pour choquer et les dramatisations de sa douleur mentale — elle avait par le passé déclaré « Chaque artiste est un artiste conceptuel. Je suis une artiste trompeuse ». Une autre influence de Yoko, citée par les critiques, était un artiste contemporain japonais Yayoi Kusama. Les activités de Kusama impliquant la nudité, ont sûrement inspiré la célèbre pochette de John Lennon et Yoko de l'
album Two Virgins où tous les deux paraissent nus. Kusama était également un organisateur d'événements pacifistes semblables au «
bed-in » pour la paix que John et Yoko avait fait en
1969.
Yoko était une exploratrice de l'art conceptuel et de performances artistiques. L'une de ses performances artistiques la plus reconnue est Cut Piece en 1964, performance pendant laquelle l'artiste, assise sur scène, invite les spectateurs à prendre une paire de ciseaux pour découper ses habits jusqu'à ce qu'elle soit complètement nue. Un exemple de son art conceptuel inclut son livre d'instructions intitulé Grapefruit. Ce livre, sorti pour la première fois en 1964 est un ouvrage essentiel si l'on veut comprendre la démarche artistique de Yoko. Il comprend sept parties : musique, dont la célèbre Cough Piece qui est une performance sonore, peinture, événement, poésie, objet, film et danse qui contient un grand nombre de dessins de la main de Yoko. Ce ne sont pas à proprement parler des notes ; ce ne sont pas tout à fait des poèmes. Ce sont, des descriptions des performances sonores ou visuelles et/ou des objets et installations à venir, mais, de par leur écriture simple, directe, découpée et rythmée, des textes littéraires en soi. Ponctué également d'un questionnaire, d'une liste des ventes de Yoko Ono à New York en 1965, de lettres, de comptes-rendus de performances, de programmes et d'une véritable réflexion sur son oeuvre.
Yoko a aussi été réalisatrice de films. Elle a fait plus d'une soixantaine de films entre 1964 et 1972. Et sa renommée particulière fut emportée pour un film de 1966 appelé tout simplement Numéro 4. En 1967, Yôko tourne Four (Bottoms) qui acquiert, par le scandale des postérieurs qu'il met en scène, une certaine notoriété, rééditant les scandales qui avaient accompagné trois ans auparavant la sortie de Flaming Creatures de Jack Smith et Sleep d'Andy Warhol. Ce film avait pour ambition d'être un calendrier de 365 paires de fesses portées par les plus grandes figures de l'avant-garde telles que Philip Corner, Ben Patterson et Carolee Schneeman, filmées en gros plan. Au-delà de ce qui pourrait apparaître comme une provocation nourrie de l'esprit et de l'Utopie des Années 1960, ce film affirme un principe visuel très construit, et le titre Four détermine le cadrage de la composition sur ces fesses paradoxalement dématérialisées en un quadrillage abstrait.
John Lennon avait décrit Yoko comme une « artiste inconnue la plus célèbre du monde avant-gardiste » : tout le monde connaissait son nom, mais personne ne savait qui elle était. Ses amis et amours dans le monde artistique de New York incluaient, Kate Millett, Nam June Paik, Dan Richter, Jonas Mekas, Merce Cunningham, Judith Malina, Erica Abeel, Peggy Guggenheim, Betty Rollin, Shusaku Arakawa, Adrian Morris, Stefan Wolpe, Keith Haring, et Andy Warhol, aussi bien que Maciunas et Young. En 2001, YES YOKO ONO, une exposition retraçant plus de quarante-ans de rétrospectives du travail de Yoko, reçu l'Award de la prestigieuse International Association of Art Critics USA pour la meilleure exposition de Musée organisée à New York.
John Lennon
Invitée le
9 novembre 1966 au
Destruction in Art Symposium de
Londres, Yoko rencontre
John Lennon, la star des
Beatles lors du vernissage de son exposition
Unfinished Paintings & Objects à la galerie
Indica. Lennon découvre alors l'univers de l'artiste conceptuelle, son imaginaire, son humour qui entrent intimement en résonance avec ses aspirations intellectuelles et artistiques. Il ne reste pas indifférent au charme mystérieux de la Japonaise. Le premier objet qui attire son attention est une pomme mise en vente pour 200 livres : « J'ai trouvé cela fantastique. J'ai tout de suite pigé l'humour de son travail » déclara-t-il au magazine
Rolling Stone. Lorsque John Dunbar propriétaire de la galerie, demanda à Yoko de laisser John enfoncer un clou sur une oeuvre en bois, elle refusa tout d'abord car le vernissage avait lieu le lendemain et elle voulait que la planche soit intacte. John proposa alors, devant la réticence de Yoko, de payer cinq shillings imaginaires pour planter un clou imaginaire.
John :
« Il y avait une échelle suspendue au plafond, menant à une peinture. On aurait dit une toile vierge avec une chaîne à l'extrémité de laquelle pendait une loupe. J'étais anti-art parce que j'avais passé cinq années dans une école d'art et qu'ils étaient tous bidon et j'étais vraiment contre. Mais en visitant les galeries je m'y étais de nouveau intéressé et j'étais là. J'ai escaladé l'échelle et pris la longue-vue, je me balançais là-haut et dans une écriture minuscule ça disait simplement « Oui ». Et c'est ce qui m'a décidé à rester. Ça disait « Oui ». Ça m'a décidé à voir la suite de l'exposition. Si ça avait dit « Non » ou quelque chose de méchant ou de sarcastique, du genre « Arnaque » ou je ne sais quoi, j'aurais quitté la galerie sur-le-champ. Parce que c'était positif et que ça disait « Oui », je me suis dit: « OK, c'est la première exposition où je vais qui me dit quelque chose de chaleureux ». Alors j'ai décidé de voir le reste de l'exposition. Et voilà comment on s'est rencontrés. Si ça avait dit « Non », je serais parti. C'était comme un truc personnel. Je suppose que quiconque lisait ça ressentait la même chose. Mais j'ai pris ça comme un « Oui » que l'artiste m'adressait personnellement. »
Si l'on en croit la rétrospective The Beatles Experience, Yoko se livre alors à des expériences de SMS avant la lettre : elle envoie chaque jour à John une enveloppe postale dans laquelle ne se trouve qu'une expression lapidaire chaque fois différente : Breathe (respire), Live (vis), Be happy (sois heureux), petites choses qui finissent par créer des liens.
En 1968, de plus en plus épris de Yoko, en qui il voit son salut, John divorce de sa première femme, Cynthia, et s'installe avec Yoko. Cette union verra dans un premier temps la naissance de plusieurs albums expérimentaux, dont le fameux Two Virgins, plus célèbre pour sa couverture, sur laquelle ils apparaissent tous deux nus, que pour son contenu jugé très médiocre. À partir de cet instant, Yoko ne quitte plus John, même durant les enregistrements des albums des Beatles, ce qui énerve les trois autres au plus haut point. Lennon s'inspira de Yoko dans plusieurs de ses chansons. En tant que Beatle, il écrivit The Ballad of John and Yoko et il fit référence à elle indirectement dans Julia, une chanson consacrée à sa mère, avec le vers : « Ocean child calls me, so I sing a song of love » (« l'enfant de l'océan m'appelle, c'est ainsi que je chante une chanson d'amour »). D'autres chansons de Lennon écrites sous l'influence de Yoko virent le jour au cours de sa carrière incluant : I Want You (She's So Heavy), Don't Let Me Down, Happiness is a Warm Gun, Because (avec les Beatles), Well Well Well, Oh Yoko!, Jealous Guy, I'm Losing You, Bless You, Dear Yoko, Woman... (en Solo). John et Yoko ont collaboré sur beaucoup d'albums, commençant en 1968 avec Unfinished Music No.1: Two Virgins, un album de musique électronique et expérimentale, enregistré la nuit où ils consommèrent leur union pour la première fois, ainsi que Unfinished Music No.2: Life with the Lions et The Wedding Album. Il s'agissait plutôt d'expérimentations conceptuelles basées sur des bruits fortement influencés par la carrière de Yoko comme artiste plastique.
Le couple se marie le 20 mars 1969 à Gibraltar en Espagne. Ils se produisent par la suite dans toute une série d'apparitions artistiques ou musicales (dont The Rock and Roll Circus) suscitant l'indignation et la surprise parmi le grand public. Ils se rendent également célèbres par leur engagement militant en faveur de la Paix dans le monde, notamment au travers du tube Give Peace a Chance. En Septembre 1969, le premier album du Plastic Ono Band fut enregistré pendant le Toronto Rock and Roll Revival Festival. En plus de John et Yoko, cette première incarnation du groupe s'est composée du célèbre Guitariste Eric Clapton, du Bassiste Klaus Voormann, et du Batteur Alan White. La première partie de leur performance s'est composée de standards du rock'n'roll (Blue Suede Shoes, Money, You Make Me, Dizzy Miss Lizzy), et pendant la deuxième partie, Yōko prit le micro et avec le groupe interpéréta deux de ses compositions (Don't Worry Kyoko, John, John (Let's Hope For Peace)) durant ce qui a été peut-être l'une des premières performances d'avant-garde pendant un concert de rock, devant un public bouche bée de stupeur.
Après de continuels voyages entre le Royaume-Uni et les États-Unis, John et Yōko s’installent définitivement à New York, au mois d’Août 1971. Leur première demeure est située dans le West Village new-yorkais. Ensuite, ils déménagent dans le fameux immeuble Dakota House, en face de Central Park. Une époque curieuse de la relation de Yōko et Lennon, déjà étrange en soi, commence en 1973, quand tous les deux se séparent pour une période de dix-huit mois. Yoko continue sa carrière musicale et artistique à New York tandis que John s'en va vivre à Los Angeles avec leur assistante personnelle Mary Pang. Pendant cette séparation, John et Yōko restent constamment en contact, s’exprimant mutuellement leur amour.
Le couple se réconcilie vers le milieu de l’année 1975, quand ils décident de vivre de nouveau ensemble et d’avoir un enfant. Le 9 octobre 1975, jour du trente-cinquième anniversaire de John, Yōko donne naissance à Sean Taro Ono Lennon. Dès lors, le partage des fonctions dans le couple se fait d’une manière très claire : John se consacre à son fils et à la maison et Yōko aux affaires familiales. La décision du couple à ce sujet est très ferme : John abandonne tout projet d’enregistrement, cesse d’accorder des interviews ou de collaborer avec d’autres artistes, et arrête même de lire la presse musicale. Yoko, quant à elle, prend les rênes des finances communes et devient la gestionnaire de l’important passif musical de John.
En 1980, John Lennon décide de revenir au devant de la scène publique avec son album coécrit avec Yōko, Double Fantasy, qui connaît un véritable succès. Peu après, le 8 décembre 1980, il est assassiné sous les yeux mêmes de Yōko qui réagit dignement à la situation. Après l'assassinat de John, Yōko ralentit sa production artistique et se consacre entièrement à son fils Sean. Son image se revalorise. À partir de cet instant, elle gère l'empire économique en hausse de John avec plus de sérieux et de professionnalisme. Elle édite des disques posthumes de John (Season Of Glass, Milk and Honey et Menlove Avenue), avec de vieilles chansons ou de simples maquettes, et s'unit à Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr dans la défense des intérêts communs des Beatles. Elle remporte un Grammy Award pour l'album Double Fantasy. En 1988, Yōko Ono s'établit en Suisse, à Genève, pour trouver le calme loin des foules de fans et des journalistes.
En 1985, une partie de Central Park face à l'immeuble Dakota avait été réaménagé avec une plaque commémorative en utilisant un don de plus d'un million de dollars de Yōko et baptisé le Strawberry Field Memorial à l'occasion du 45e anniversaire de John. En 2000, elle a fondé le John Lennon Museum, à Saitama au Japon, sa ville natale.
Carrière musicale
Yoko a également mené une carrière de
chanteuse. Elle était déjà musicienne lorsqu'elle rencontra John. Elle avait collaboré avec notamment
John Cage et la légende du free jazz,
Ornette Coleman. Mais sa relation avec Lennon lui donna une notoriété que sa carrière solo ne laissait pas jusque-là espérer.
Yoko étudie la musique dès son plus jeune âge dans une école maternelle spécialisée appelée "Jiyu-Gakuen". Elle y apprend à écouter les sons de l'environnement et de la vie quotidienne et à les traduire en notations musicales, comme le fera plus tard John Cage. Dans son désir de transcrire les bruits de la nature, elle décide de combiner le mode de notation musicale occidental à des instructions, prélude aux "Instruction Pieces" qu'elle développera pour la Peinture et la Sculpture, après avoir remarqué combien dans la musique, à la différence de l'art, il y a une séparation entre la partition écrite par le Compositeur et l'intéprétation qu'en fait le Musicien. Après avoir étudié au "Sarah Lawrence College", où elle chante des lieders allemands et des airs d'opéra, elle rencontre les compositeurs Edgar Varèse, Morton Feldman et John Cage qui dès la fin des années 1950 l'encouragent de se lancer dans la direction qu'elle souhaite emprunter. Elle pénètre le monde de l'avant-garde musicale avec son premier mari, Toshi Ichiyanagi, un jeune musicien et compositeur Japonais qui gagne sa vie comme copiste de partitions pour des compositeurs. Tous deux s'installent à Manhattan, dans un loft sur Chambers Street, qui devint, au début des années 1960, le théâtre de nombreuses performances artistiques et de concerts avec La Monte Young, John Cage et George Maciunas.
La musique de Yoko Ono a souvent été qualifiée par ses détracteurs comme une litanie de cris, d'autant plus insupportable que l'artiste avait à leurs yeux semé le germe de la rupture entre les Beatles avec l'expérimental Revolution 9. Les cris émis par Yoko Ono dans ses performances vocales traduisent la Schizophrénie culturelle qui la marquait depuis son enfance, partagé entre Orient et Occident, le Japon et les États-Unis, où elle fut élevée entre un père qui vouait une admiration infinie à Bach, Beethoven et Brahms et une mère qui jouait de plusieurs instruments traditionnels japonais. Ils sont aussi révélateurs de l'importance qu'elle accorde au corps comme instrument primordial, vecteur d'émotions musicales. Yoko Ono exploite le spectre de la voix de manière unique. Elle devait devenir par la crudité de sa voix, le recours à l'Improvisation et au Free jazz, une des sources occultes du Rock expérimental. L'influence de sa voix "hors limite" transparaît chez une artiste comme Björk, notamment sur son album "Medulla".
En 1970, elle sort son premier album solo, Yoko Ono/Plastic Ono Band, parallèlement au disque de John, John Lennon/Plastic Ono Band. Les deux albums ont les couvertures presque identiques : Yoko nous montre une photo d'elle se penchant sur John, et John une photo de lui se penchant sur Yoko. Cet album se compose de cris, des sons déchirants émis du plus profond de sa gorge et de son âme qui ont été probablement influencés par des opéras japonais. La musique est à l'image de cette révolution : agressive, non mélodique, improvisée. On ne parle pas de morceaux à proprement parlés mais bien d'improvisations; l'une d'elles est accompagnée par le groupe d'Ornette Coleman (AOS). John Lennon fait sonner sa guitare comme il ne l'avait encore jamais fait. Quelques uns de ses morceaux ont beaucoup influencé l'artiste Meredith Monk et d'autres artistes musicaux qui ont employé des cris perçants au lieu des mots. Cette structure vocale attire l'attention sur les aspects timbral et d'orchestrational de la musique, une technique commune au Free jazz. Quelques groupes Punk dont Public Image Ltd considèrent cet album (et d'autres albums de Yoko) comme la création de la base de la musique punk. L'album se classa à la 183ème position dans les charts aux États-Unis.
En 1971, Yoko sort un double album Fly. Il explore les qualités expressives avant-gardistes de la voix tout en proposant des rythmiques rock. Parallèlement, l'influence de John sur Yoko se fait plus prégnante dans certains morceaux, telles la structure teintée de pop de Minsummer New York ou la ballade Mrs Lennon. En1972, elle publie son album le plus célèbre et le plus reconnu Approximately Infinite Universe. Accompagnée par Lennon et les Elephants Memory Band, Yoko se livre à un recueil fabuleux de chansons ayant comme sujet la maltraitance des hommes envers les femmes. Ce disque a suscité très peu d'intérêt à l'époque mais est aujourd'hui reconnu avec estime, en particulier pour des chanson telles que "Move On Fast", "Yang Yang", "What A Bastard The World Is" ou "Death Of Samantha." Suivra l'année suivante, l'album Feeling The Space qui traitera du même sujet.
En Août 1974, Yoko retourne au Japon après plus de dix ans d'absence à l'occasion d'un concert donné lors du "Koriyama One Step Festival" et publie l'album A Story et le single "Yume O Moto" (Let's Have A Dream).
En 1980, c'est à la veille de la mort de John que Yoko s'affirme comme une artiste pop accomplie avec Walking On Thin Ice, simple qu'elle venait de terminer le soir où il fut assassiné. Lui qui avait livré un prodigieux solo de guitare avait déclaré avant de mourir que ce morceau marquait une grande évolution dans la musique Ono-Lennon. "Walking On Thin Ice (For John)" sorti en single moins d'un mois plus tard et devint le premier grand succès de Yoko en se classant à la 58ème position des charts américains.
En 1981, elle sortit l'album Season Of Glass avec la célèbre pochette montrant les lunettes de Lennon tachées de sang, à côté d'un verre à moitié plein d'eau et avec une fenêtre donnant sur Central Park. Ceci a provoqué des critiques qui l'accusait d'être insipide et exploitante. Cependant, Yōko déclara qu'elle avait choisi une image si provocatrice car qu'elle voulait rappeler aux gens que Lennon n'était pas simplement mort ou s'était suicidé, mais qu'il avait été assassiné. Elle déclara également que tous ceux qui ont pensé que l'image des lunettes sanglantes étaient blessantes en raison des tâches de sang devraient se rappeler plus du meutre de John que d'une paire de lunettes et l'image représentait aussi ce qu'elle et d'autres membres de la famille de John ont dû supporter après sa mort.(Cette photographie fut vendue à une enchère à Londres en avril 2002 pour environ $13.000.). Dans les notes insérées à l'intérieur de la pochette de Season Of Glass, Yōko expliqua que l'album n'était pas dédié à Lennon parce que "il aurait été offensé, il était l'un de nous."
L'année 1982 voit paraître le sixième album solo de Yōko. Intitulé It's Alright (I See Rainbows), cet album est plus positive que son précédent, Season Of Glass. La pochette montre Yōko avec des lunettes de soleil célèbres avec ses boucles, regardant vers le soleil, alors que sur le dos, le fantôme de Lennon s'interpose entre Yōko et Sean. L'album connu un succès bien mineur dans les charts et deux de ses chansons furent publiées en single, "My Man" et "Never Say Goodbye".
En 1984, un album d'hommage Every Man Has A Woman Who Loves Him sorti, comportant une séléction de chansons de Yōko interprétées par des artistes tels qu' Elvis Costello, Roberta Flack, Eddie Money, Rosanne Cash et Harry Nilsson. Ce fut l'un des projets de Lennon qu'il ne put jamais terminer. Plus tard, dans la même année, le dernier albun posthume de John et Yōko, Milk And Honey sorti avec des chansons en version non-définitive.
Le dernier album de Yōko sorti dans les années 1980 fut "Starpeace" en 1985, un album conceptuel que Yōko avait prévu comme un antidote au système de défense de missile "Star Wars" de Ronald Regan. Sur la pochette, on y voit une Yōko chaude et souriante qui tient la terre dans la paume de sa main. "Starpeace" est devenu l'album (sans l'influence de Lennon) le plus réussi de Yōko. Le single "Hell In Paradise" fut un hit, se classant à la seizième position des charts dancing américains et 26ème dans la liste des cent plus grands succès du Billboard.
En 1986, Yōko entreprend, avec volonté, une tournée mondiale, "World Tour For Starpeace"en visitant la plupart du temps les pays de l'Est dans lesquels elle sentait devoir proclamer son message de paix.
En 1991, elle crée le Peace Choir avec son fils Sean et Lenny Kravitz. Ils enregistrent avec de nombreux autres artistes une reprise de Gice Peace A Chance pour protester contre la Guerre du Golfe.
En 1992, Yōko signa un contrat avec la maison d'édition "Rykodisc" pour sortir un coffret complet de 6 CD, "Onobox". Il incluait des chansons remixées de tous les albums solos de Yōko, des maquettes et des inédits. Un greatest hits "Walking On Thin Ice" sorti également cette même année.
Son retour à la musique se produit en 1995 avec la sortie de "Rising", une collaboration avec son fils Sean et son groupe "Ima". Cet album a engendré une tournée mondiale qui passa par l'Europe, le Japon et les États-Unis. L'année suivante, elle collabora avec divers musiciens de rock pour l'ellaboration de "Rising Mixes". Les plus grands DJs américains du moment ont remixé des chansons extraites de "Rising". Parmi les participants, on y trouve Cibo Matto, Ween Tricky et Thurston Moore.
En 1997, Rykodisc a ré-édité tous ses albums solos en CD de "Yoko Ono/Plastic Ono Band" à "Starpeace". Yōko et l'ingénieur du son Rob Stevens ont personnellement remastérisé les bandes originales et diverses bonus furent également ajoutés (démos, prises alternatives, inédits et versions lives).
L'année 2001 voit la sortie de son dernier album "Bluespringt For A Sunrise" toujours tourné autour d'un esprit féministe engagé. Début 2002, des DJs américains remixèrent des chansons de Yōko pour des clubs de Dance. Pour ce projet, elle supprime son prénom qui devient simplement "ONO", une réponse à la phare "Oh No!", une plaisanterie qui l'a poursuivie durant toute sa carrière. ONO connut un grand succès avec de nouvelles versions de "Walking On Thin Ice", remixées par le meilleur des DJs et artistes de dance américains avec notamment Pet Shop Boys, Orange Factory, Peter Rauhofer et Danny Tenaglia. En Avril 2003, ce succès fut confirmé avec le remix de "Walking On Thin Ice" qui atteindra la première place du Billboard "Dance/Club", faisant de ce single le tout premier numéro un de Yōko. Elle revient à la première place en Novembre 2004 avec "Everyman...Everywoman...". La chanson "Every Man Has A Woman Who Loes Him" extraite de l'album "Double Fantasy" fut retouchée et les paroles modifiées afin de soutenir les mariages gais.
Le dernier album de Yōko en date est "Yes I'm A Witch", une compilation de remixes de chansons du catalogue de Yōko par divers artistes comprenant The Sleepy Jackson, The Flaming Lips, Cat Power, Antony, DJ Spooky, Porcupine Tree et Peaches. "Yes I'm A Witch" a été bien reçu par les critiques, qui furent très surprises. Après la sortie de "Yes, I'm A Witch", Yōko enfonce le clou avec "Open Your Box" qui est sorti en avril 2007. Il s'agit également d'un album de remixes. Parmi les remixeurs, on compte les noms des Pet Shop Boys, Basement Jaxx et Felix da Housecat. Parmi les morceaux remixés, notons le fameux "Give Peace A Chance", "Hell In Paradise" sur l'album "Starpeace" en 1985, et trois versions de "Walking On Thin Ice".
Durant sa carrière, Yōko a collaboré avec divers groupes, artistes et musiciens dont John Cage, David Tudor, George Maciunas, Ornette Coleman, Charlotte Moorman, George Brecht, Jackson Mac Low, Jonas Mekas, Frank Zappa,Yvonne Rainer, La Monte Young, Richard Maxfield, Zbigniew Rybczyński, Yo La Tengo, DJ Spooky et Andy Warhol. En 1987, Yōko était l'une des personnalités présentes aux funérailles de Warhol.
Activisme politique
Depuis le début des
Années 1960, Yoko a milité pour la paix et la défense des droits de la femme. Après leur mariage, John et Yoko utilisèrent leur célébrité pour promouvoir la cause qu'ils défendent "la paix dans le monde" avec leur célèbre Bed-In durant leur lune de miel à l'Hilton Hôtel, à
Amsterdam en
mars 1969. Les médias du monde entier les tournent en ridicule, mais en parlant de l'événement, la presse évoque systématiquement le message du couple à propos de la paix mondiale. Le "Bed-In" de
Montréal, en
Mai 1969, eu pour conséquence l'enregistrement de leur premier simple
Give Peace a Chance, un hymne pacifiste composé par John et Yoko et attribué à la toute jeune Plastic Ono Band, qui fut le premier succès jamais sorti par un
Beatles en dehors du groupe. D'autres prestations du couple incluent le Bagism. Présenté à
Vienne et inventé par Yoko en
1962, le Bagism permettait, en étant caché à la vue des spectateurs, de stimuler leur imagination et, en dissimulant les apparences extérieures, de rendre accessible la réalité intérieure. John et Yoko réalisèrent plusieurs performances de Bagism entre
1968 et
1971. Le sac devient également le symbole de leur désir d'intimité et une contestation du
Racisme.
L'apport de Yoko aux Beatles
Grand sujet de controverse chez les fans des Beatles, Yoko a été présente sur les albums "Double Blanc", "Let It Be" et "Abbey Road". Elle a ainsi eu une très forte influence sur John pour la composition et le jeu musical. En revanche, sa présence a beaucoup nui à l'ambiance au sein du groupe, et a certainement causé leur séparation, s'ajoutant aux querelles concernant les affaires et les changements d'orientations musicales de chacun. Cependant, beaucoup s'accordent à dire que si elle a sûrement été l'une des causes principales de la rupture du groupe, elle a aussi été une bouée de sauvetage pour un Lennon en perdition. On lui doit ainsi les chefs-d’oeuvre de Lennon en solo : « Imagine », « Jealous Guy », « Oh Yoko »... Yoko a été accusé par les historiens du rock, et par la plupart des fans anglais et américains de la culture pop d'avoir été la principale responsable de la
Séparation des
Beatles alors que d'autres arguments disent du fait que la dissolution a été provoquée par le fait que les Beatles partaient dans différentes directions musicalement et personnellement. John, également, a déclaré qu'il avait déjà eu l'intention de quitter le groupe avant qu'il ait rencontré Yoko. Même si les révisionnistes la réhabilitent peu à peu, Yoko restera dans l'esprit de millions de fans la manipulatrice, castratrice, fourbe, démon avant-gardiste en minijupe qui a provoqué la séparation des Beatles.
Bibliographie
- 1970 : Garpefruit: A Book of Instructions and Drawings
- 1983 : Summer Of 1980
- 1990 : The John Lennon Family Album
- 1995 : Instruction Paintings
- 1995 : Sometimes in New-York City (Genesis Publications)
- 1998 : Grapefruit Juice
- 2000 : Yes Yoko Ono
- 2005 : Odyssey Of A Cockroach
- 2005 : Imagine Yoko
- 2005 : Memories Of John Lennon
- 2005 : John Lennon Unfinished Music
Awards et Nominations
- 1982 : Yōko reçoit un Grammy Award dans la catégorie "meilleur album de l'année" pour "Double Fantasy"
- 2001 : Yōko Ono reçoit un Grammy Award de "The Best Long Of Music Video" pour la production du film-documentaire "Gimme Some Truth: The Makin Of John Lennon Imagine's album"
Discographie
Singles
- 1971 : "Open Your Box"
- 1971 : "Mrs. Lennon"/"Midsummer New York"
- 1971 : "Don't Worry Kyoko (Mummy's Only Looking For Her Hand In The Show)"
- 1972 : "Now Or Never"/"Move On Fast"
- 1972 : "Mind Train"/"Listen The Snow Is Falling"
- 1973 : "Death Of Samantha"/"Yang Yang"
- 1973 : "Josejoi Banzai" (sorti uniquement au Japon)
- 1973 : "Woman Power"/"Men, Men, Men"
- 1973 : "Run, Run, Run"/"Men, Men, Men"
- 1974 : "Let's Have A Dream /"It Happened" (sorti uniquement au Japon)
- 1981 : "Walking On Thin Ice"/"It Happened"
- 1981 : "Goodbye Sadness"/"I Don't Know Why"
- 1981 : "No, No, No"
- 1982 : "My Man"
- 1983 : "Never Say Goodbye"
- 1985 : "Hell In Paradise"
- 1985 : "Cape Clear"/"Walking On Thin Ice" (re-edit)
- 1986 : "I Love All Of Me"
- 1995 : "Ask The Dragon"
- 1996 : "New York Woman"
- 2001 : "It's Time For Action"
- 2001 : "Open Your Box" (remix)
- 2002 : "Kiss Kiss Kiss" (remix)
- 2002 : "Yang Yang" (remix)
- 2003 : "Walking On Thin Ice" (remix)
- 2003 : "Will I"/"Fly" (remix)
- 2004 : "Hell In Paradise" (remix)
- 2004 : "Everyman...Everywoman (remix)
- 2007 : "Kiss Kiss Kiss" (remix 2007)
- 2007 : "Cambridge 1969/2007" (remix 2007)
- 2007 : "Walking On Thin Ice" (remix 2007)
Face B des singles de John Lennon
- 1969 : "Remember Love" (sur "Give Peace A Chance")
- 1969 : "Don't Worry Kyoko" (sur "Cold Turkey")
- 1970 : "Who Has Seen The Wind" (sur "Instant Karma")
- 1971 : "Why" (sur "Mother")
- 1971 : "Open Your Box" (sur "Power To The People")
- 1971 : "Listen The Snow Is Falling" (sur "Happy Xmas(War Is Over)")
- 1972 : "Sisters O Sisters" (sur "Woman Is The Nigger Of The World")
- 1980 : "Kiss Kiss Kiss" (sur "Just Like(Starting Over)")
- 1981 : "Beautiful Boys" (sur "Woman")
- 1981 : "Yes I'm Your Angel" (sur "Watching The Wheels")
- 1984 : "O'Sanity" (sur "Nobody Told Me")
- 1984 : "Sleepless Night" (sur "I'm Stepping Out")
- 1984 : "Your Hands" (sur "Borrowed Time")
Filmographie